En tant que partenaire de longue date du Dr Denis Mukwege, chirurgien congolais renommé, co-lauréat du prix Nobel de la paix 2018, fondateur et directeur médical de l’hôpital de Panzi, dans la province du Sud-Kivu en République démocratique du Congo (RDC), Physicians for Human Rights (PHR) appelle de toute urgence à une action immédiate pour protéger celui-ci, les membres de sa famille, ses patient(e)s et le travail essentiel du personnel de l’hôpital de Panzi.
Au cours des dernières semaines, le Dr Mukwege a été la cible d’une campagne d’intimidation alarmante, sur internet et par des moyen plus conventionnels. Le général James Kabarebe, ancien ministre de la Défense du Rwanda et conseiller de longue date en matière de sécurité du président rwandais Paul Kagame, a fustigé le Dr Mukwege à la télévision d’état rwandaise. Le Dr Mukwege et sa famille sont devenus la cible d’attaques sur les réseaux sociaux et ont reçu des messages de menaces de mort sur le téléphone portable personnel.
Ces efforts d’intimidation semblent répondre à la condamnation par le Dr Mukwege d’une vague de meurtres récents commis par des groupes armés dans les provinces du Sud-Kivu et de l’Ituri en RDC, et également, en réaction aux appels constants du Dr Mukwege pour la mise en œuvre des recommandations proposées de longue date par le rapport des Nations Unies sur les violations les plus graves des droits humains commises en RDC entre 1993 et 2003. Il s’agit notamment de mettre en place des enquêtes et des poursuites pour les atrocités qui ont coûté la vie à des millions de personnes dans la région dont des violences sexuelles de masse qui ont poussé des milliers de femmes et de filles à rechercher et à recevoir un traitement auprès du Dr Mukwege et de ses collègues de l’hôpital de Panzi.
Physicians for Human Rights considère que les menaces contre le Dr Mukwege et sa famille sont sérieuses et inquiétantes étant donné son rôle prépondérant dans toute la région, dans le soutien des droits humains et de la justice, incluant le mécanisme des réparations. Son expérience en première ligne et sa connaissance des atrocités en tant que médecin qui a traité des milliers de survivants, qui ont subi des blessures graves causées par des décennies de violence politique dans l’est de la RDC; ses appels constants en faveur de la fin de l’impunité pour les crimes internationaux dans la région des Grands Lacs préoccupent sans aucun doute de nombreux acteurs puissants, qui préfèrent nier ou échapper à la responsabilité pour la longue et douloureuse histoire de crimes contre l’humanité qui n’ont toujours pas été pris en compte dans ces terres riches en minéraux où le pillage, le viol et le meurtre ont laissé des millions de personnes appauvries et en insécurité.
PHR appelle les Nations Unies, par le biais de sa force de maintien de la paix, la MONUSCO, à assurer la protection permanente du Dr Mukwege et à renforcer la sécurité du personnel de l’hôpital de Panzi à Bukavu, en RDC.
Nous exhortons le Haut-Commissariat aux droits de l’homme à défendre publiquement son rôle dans l’enquête et la cartographie des atrocités commises en RDC qui n’ont toujours pas abouti à une responsabilisation significative, et à soutenir des processus de justice transitionnelle efficaces en RDC.
Et nous appelons tous les gouvernements à s’abstenir et à dénoncer les messages provocateurs qui nient les violations des droits humains et menacent la dignité et la sécurité des défenseurs des droits humains mondiaux respectés comme le Dr Mukwege.
PHR continue de soutenir la fin de l’impunité en RDC pour les crimes internationaux de violences sexuelles, de pillage et de meurtre, et s’inquiète de la recrudescence de la violence dans de nombreux endroits du pays.
Contexte :
Le Dr Mukwege est un proche collègue de PHR depuis plus d’une décennie, et lui et son personnel de l’hôpital de Panzi se sont associés au programme de PHR sur les violences sexuelles en zones de conflit depuis 2011. Notre partenariat vise à renforcer les capacités des médecins, infirmier(e)s locaux, la police, des avocats et des juges pour améliorer les éléments de preuves de violences sexuelles afin de soutenir les poursuites pour ces crimes. En collaboration avec des clinicien(ne)s de Panzi, nous avons formé et encadré des médecins et des infirmier(e)s à l’hôpital de Panzi, ainsi que dans d’autres cliniques de l’Est de la RDC, afin de documenter et de préserver plus efficacement les éléments de preuves recevables devant les tribunaux et d’améliorer les soins médicaux et le traitement des survivant(e)s.
Le travail et le plaidoyer du Dr Mukwege en ont déjà fait une cible. En octobre 2012, il a été violemment agressé et sa famille a été détenue sous la menace d’une arme à son domicile lors d’une tentative d’assassinat. Joseph Bizimana, son ami de confiance et gardien de sécurité, a été tué. L’attaque est intervenue plusieurs semaines après que le Dr Mukwege ait dénoncé le conflit qui dure depuis 16 ans dans le pays et ait demandé que les responsables soient traduits en justice lors d’un discours aux Nations Unies.
Après cette attaque, le Dr Mukwege et sa famille ont fui le pays, mais ses nombreux patient(e)s et collègues congolais l’ont exhorté à reprendre son travail vital à l’hôpital de Panzi. Il est retourné à l’hôpital en janvier 2013 et a été accueilli par une foule de personnes exaltées de le retrouver à la maison. Au cours de cette période difficile, PHR a travaillé en étroite coordination avec le Dr Mukwege et d’autres collègues qui se sentaient en danger en RDC afin de mobiliser une campagne mondiale pour défendre et protéger les personnes travaillant en première ligne à aider les survivant(e)s des atrocités de masse et poursuivre les auteurs des crimes de masse.
Le Dr Mukwege a été courageux dans ses efforts pour accroître la protection des femmes et plaider pour que tous les responsables de violence sexuelle soient traduits en justice. Lorsque des dizaines de petites filles ont été violées dans le village de Kavumu sur une période de trois ans à partir de 2013, PHR a travaillé aux côtés du Dr Mukwege et des cliniciens de l’hôpital de Panzi pour documenter les blessures des survivant(e)s et s’assurer que les preuves soient correctement collectées. Ces preuves ont été un élément essentiel d’une décision historique de 2017, dans laquelle un puissant député provincial et 10 membres de sa milice ont été envoyés en prison à vie pour crimes contre l’humanité par viol et par meurtre.
Pour en savoir plus sur le partenariat de PHR avec le Dr Mukwege et l’hôpital de Panzi, cliquez ici.
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Physicians for Human Rights (PHR) is a New York-based advocacy organization that uses science and medicine to prevent mass atrocities and severe human rights violations. Learn more here.